Jean-Marie Le Pen, candidat à la présidentielle pour le Front National (extrême-droite) a tenu un meeting à Toulouse, dimanche 25 mars. Première particularité, le rassemblement est payant (2 euros). Plusieurs centaines de sympathisants de tout âge se rendent au palais des congrès, escortés par des dizaines de policiers. Car ce meeting est placé sous haute protection : le quartier est sécurisé depuis la fin de la matinée. Plus d’une centaine de CRS (compagnies républicaines de sécurité), de gendarmes mobiles (spécialisées dans les situations d’émeutes), de policiers de la BAC (brigades anti-criminalité) et de fonctionnaires des RG (renseignements généraux) sont mobilisés.

Maintenus à quelques centaines de mètres du lieu du meeting, environ 350 manifestants scandent des slogans anti-Front National. Certains portent des cagoules pour cacher leur visage. Protégés derrière du matériel anti-émeutes, les CRS reçoivent quelques poireaux (il y a un marché fruits et légumes tous les matins sur les boulevards). Juste avant le début du meeting, deux personnes portant chacune un drapeau français traversent la foule en provoquant les manifestants aux cris de “Vive Jean-Marie Le Pen”, “Vive la France”.
Jean-Marie Le Pen se rend en salle de presse avant de commencer son discours devant les 1500 à 2000 personnes venues l’écouter. Une vingtaine de journalistes (télés, radios, presse écrite et photographes) sont présents pour l’interviewer. Il réagit aux dernières déclarations de ses concurrents à l’élection présidentielle, notamment celles de Ségolène Royal appelant les Français à accrocher le drapeau français à la fenêtre pour la fête nationale du 14 juillet. Le candidat d’extrême droite appelle alors les Français à “préférer l’original [lui, NDLR] à la copie [les autres candidats, NDLR]”.

Dehors, les manifestants qui attendent la sortie des sympathisants du Front National s’échauffent et les canettes de bière et les pierres commencent à voler vers les forces de l’ordre, qui répliquent en envoyant du gaz lacrymogène (gaz qui pique les yeux et la gorge, NDLR) et en chargeant. S’en suivront près de deux heures d’émeutes dans le centre-ville toulousain. Des casseurs mettent le feu à des poubelles et à des containers à verre. Des barricades construites avec des barrières métalliques, des poubelles et des sacs de sable sont érigées à plusieurs reprises sur le boulevard principal. 
Les altercations prennent fin sur la place du Capitole [l’emplacement de la mairie de Toulouse, NDLR] devant des promeneurs interloqués. En tout, les policiers, CRS et gendarmes ont arrêté 12 personnes. Sept d’entre-elles ont été jugées en comparution immédiate le mercredi 28 mars. Certaines de ces interpellations ont été violentes, les policiers traînant certains jeunes par terre ou les maintenant à terre en appuyant leurs genoux sur leur visage. Mais la violence aura été bien présente des deux côtés, les manifestants ayant été rejoints par des casseurs ayant comme seule volonté, celle d’affronter les forces de police.
Reportage texte et photos de Clément Debeir - Les Clés de l’actualité